Sandford, histoire de la marque

Une partie des Sandford de l'ATF à Montlhéry
Une partie des Sandford de l'ATF à Montlhéry

Un Anglais bien français

Stuart Sandford nait à Birmingham en 1889. Très tôt, sa mère l'emmène à Paris où elle trouve du travail chez Old England, une boutique anglaise de confection de vêtements et d'articles importés. Adolescent, il retourne en Angleterre, c'est à cette époque qu'il découvre les courses de motos. Quand il revient à Paris, il trouve du travail, lui aussi, chez Old England ce qui lui permet le dimanche d'assouvir sa passion pour la course moto qui l'emmène sur les épreuves populaires de l'époque. Il rencontrera Laurence sa future femme, à ce moment là. Ce n'est qu'après la guerre de 14 qu'il décidera d'acquérir une boutique au 72 avenue des Ternes à Paris, d'où il importera et distribuera des motos anglaises. C'est à cette époque que sa passion de pilote motocycliste lui fait découvrir un engin à trois roues fabriqué par Morgan en Angleterre et alors importé et distribué par les frères Darmont.


Et ce trois roues Morgan gagnait des courses !  Alors en 1920, Il négocie avec les frères Darmont un contrat de concession pour la vente des Morgan. Il possède déjà les locaux avenue des Ternes, idéalement placés. Sa méthode ne change pas, ventes durant la semaine, courses le dimanche, mais cette fois, en Morgan !  Bien que très bon vendeur et excellent pilote, Il lui manquait le génie mécanique. Il le rencontrera chez Darmont. Ce tout jeune mécano qui n'a que 16 ans à leur rencontre, s'appelle Raymond Guéret, il découvre la course avec Stuart qu'il va accompagner dans une formidable aventure qui ne s'arrêtera qu'en 1936.

Succès Sandford sur Morgan en 1920

1920 Victoire 6 jours de Grenoble - Stuart Sandford & Raymond Guéret

Circuit de la Sarthe, Stuart Sandford sur Morgan le 26 août 1920. Document BNF
Circuit de la Sarthe, Stuart Sandford sur Morgan le 26 août 1920. Document BNF

Sandford-Amannn, des Débuts difficiles

En 1921, Stuart s'associe avec Mr Amann pour fabriquer un prototype de tricyclecar, le Sandford-Amann, équipé d'un moteur 4 cylindres Ruby à refroidissement par air. C'est un désastre.

Les premières Sandford

Un an plus tard, avec l'aide de Raymond Guéret qui le rejoint, Stuart décide d'installer, à partir d'un châssis et d'une carrosserie Morgan acquis chez Darmont, le moteur 4 cylindres Ruby refroidi par air. Ce n'était pas qu'une simple adaptation car il fallait loger un moteur 4 cylindres à la place d'un bicylindre en V qui était normalement installé sur les Morgan en porte à faux à l’extrémité du châssis avant. Et cette gageure, Raymond Guéret l'a réalisée !

De cette voiture construite pour son propre usage, Stuart s'en sert rapidement de prototype pour vendre d'autres modèles identiques.

L'entreprise s'étoffe

La boutique de la rue des Ternes était trop petite pour monter les cyclecars à trois roues que Stuart vendait, il fallut trouver rapidement des locaux pour Raymond Guéret.
C'est à Neuilly sur Seine, rue Parmentier,  dans une partie du garage Thévenet et en sous location,  que  Sandford fabriquera ses premiers tricyclecars jusqu'en 1924.
La comptabilité de l'entreprise était assurée par Laurence, la femme de Stuart.

De Morgan à Sandford

De Morgan à Sandford, les choix techniques de Raymond Gueret s'éloignèrent de la simple adaptation mécanique sur un châssis et une carrosserie Morgan

Le premier Moteur Ruby à refroidissement à air passera en 1923 à refroidissement liquide. Il impliquait l'installation d'un radiateur et d'une calandre flat-rad typique de la marque. La carrosserie Sandford sera en aluminium poli ou en tôle. La fabrication alu est sous-traitée aux établissements Lecanut . En 1924 le châssis composé de tubes supporte le moteur et la boîte de vitesses qui le rigidifient. À l'avant, les tubes sont sécurisés ensemble par des colliers pour être remplacés facilement en cas de choc. Les premiers modèles Sandford n'utilisaient pas de boîte de vitesses mais un système similaire à celui de Morgan, composé de deux chaines avec renvoi d'angle sans marche arrière qui permettait via un changement de vitesse externe de passer d'une vitesse à l'autre. Mais ce principe sera vite abandonné pour une vraie boîte de vitesses.
Plusieurs moteurs 4 cylindres Ruby de cylindrées différentes ont été utilisés, allant jusqu'à installer un compresseur Cosette pour gagner en puissance.
Les roues sont soit à rayons ou à flasques aluminium, soit tôlées.
En 1925, les ateliers mécaniques déménagent de Neuilly à Levallois, rue Greffuhle,  où ils occupent 100m2 animés par Raymond Guéret et 10 compagnons.

Les succès  marquant Sandford 1923 à 1925

1923  victoire au GP de Montargis (3 voitures engagées 3 victoires)

1924  2e du Bol d'or - 8 épreuves 8 victoires

1925 victoire au Tour Auto

       2e et 3e au Bol d'or

      victoire en 750 cc au Grand-Prix de l' UMF

      2e à la course des 17 Tournants

En 1929 Sandford propose deux modèles

À propos de Sandford...

Les Sandford étaient vendus beaucoup plus chers que toute la concurrence, Morgan et Darmont compris. Leur renommée était dynamisée par les nombreuses victoires en course, en endurance et les records de vitesses gagnés par les différents modèles.  Certains prototypes uniques, comme des monoplaces ont été utilisés pour battre des records spécifiques. D'autres ont été conçus et vendus sur le cahier des charges demandé par de riches clients.

En course, le châssis pouvait recevoir différents types de moteurs et permettait à un Sandford de pouvoir les interchanger facilement pour battre  plusieurs records dans la même journée.  L'option compresseur permettait à un moteur 750cc de courir en catégorie 1100cc.  La clientèle achetait des bolides, qui pouvaient rivaliser en course contre les motos et contre les cyclecars de l'époque.

L'assemblage d'un Sandford était artisanal, il fallait une quinzaine de jours de travail pour assembler un véhicule. Jusqu'à trente unités sont sorties des ateliers les meilleures années.

Les fournisseurs équipementiers de la marque comme Castrol et Kervoline pour les huiles, Dunlop pour les pneus, Hartford pour les amortisseurs servaient aussi de média pour Sandford. Ces derniers reversaient à Sandford des commissions pour les victoires en course et les records gagnés.

La presse aussi contribuait à la renommée de la marque comme Moto Revue.

Et dans tout ça, le vendeur, le pilote et le manager  hors pair, c'était Stuart.

De trois à quatre roues

En 1931, la clientèle évolue et les voitures aussi. Les clients lorgnent vers des véhicules plus familiaux, moins rudimentaires et moins chers, alors Sandford annonce comme Morgan et Darmont l'ont fait, un modèle à quatre roues, le Quad. Cette voiture reprend les techniques utilisées sur les tricyclecars de la marque comme le châssis tubulaire mais qui sera renforcé par des diamètres plus gros de 45mm. Les suspensions sont indépendantes. Il n'y a pas de pont arrière mais un boitier conique qui est fixé sur le châssis et deux arbres à cardan transmettrons la puissance aux roues arrières.

Les nouveautés dans un marché difficile

En 1933, une nouvelle boîte de vitesses à 4 rapports plus marche arrière et un démarreur électrique sont proposés pour tous les véhicules.
C'est à cet époque que la question du coût de revient des moteurs 4 cylindres, pousse Sandford à demander au constructeur Ruby de lui concevoir un moteur à bicylindres à plat air cooled.

En 1934, le nouveau moteur à plat et soupapes latérales équipera le modèle Sandford 5HP avec une cylindrée de 959cc, il est donné pour 26CV et permet d'atteindre facilement les 115 Km/h.

Fin de Sandford

1935, marque malheureusement le déclin des ventes. Les véhicules Sandford ne se vendent plus, quelques Grand Sport, peu de F.T.5 et de rares Quad sortirons des ateliers.
Le coût des modèles Sandford était désormais trop haut face à la nouvelle concurrence.
Stuart Sandford alors décide d'arrêter la fabrication et la vente des modèles neufs. Il n'en assure plus que la revente des modèles d'occasion toujours dans la boutique de l'avenue des Ternes, à Paris.

Le retour vers Morgan

1936, Sandford devient l'importateur français des Morgan. Pour des raisons fiscales les carrosseries sont fabriquées en France et les Morgan sont importés en pièces détachées, l'assemblage se fait dans les ateliers de Levallois.

La guerre, l'exode, les années 50

1939 La deuxième guerre mondiale éclate. Stuart et Laurence Sandford à bord d'un Quad, construit sur une base de Morgan 4-4 avec un moteur Ruby 1100cc, boîte quatre, 6CV et calandre spécifique Sandford qui en avril venait d'être présenté à la presse, fuient vers le sud-ouest. Ils emportent avec eux toutes les archives Sandford 3 et 4 roues. C'est durant cet exode vers le sud de la France que le véhicule, qui sera certainement le dernier "Sandford", sera réquisitionné avec son chargement. Nul ne sait ce qu'il est devenu.

1945 - La guerre finie, la vie reprend. Pour gagner sa vie Stuart profite de son bilinguisme et des ses qualités commerciales pour exporter différents produits français en Angleterre et importer tout ce qu'il peut de l'Angleterre vers la France.
Il négocie aussi la distribution pour la France des automobiles Morgan, Standard et Triumph ainsi que les motos James et Velocette.

Le 29 mars 1956 Stuart Sandford décède brusquement.


Récapitulatif des tricycles Sandford

Sandford Type P latéral
Sandford Type P latéral

Type P à partir de 1922

Moteur Ruby 936 cc Latéral - 5 CV

Refroidissement par air

Présentation 

Carrosserie Morgan 4-4  peinture noire

Intérieur rouge

 Roues pleines en tôle

Performances 110 Km/h

Prix  14900frs

Sandford Type P culbuté
Sandford Type P culbuté

Type P à partir de 1923

Moteur Ruby 972 cc Culbuté - 6 CV

Refroidissement liquide

Présentation

Carrosserie Tôle peinture noire

Intérieur rouge

Roues pleines tôlées

Performances 120Km/h

Prix 14900frs

Type S moteur DS
Type S moteur DS

Type S à partir de

Moteur Ruby DS 1098 cc -6CV

Refroidissement liquide

Présentation

Carrosserie alu poli 

Intérieur bleu

Roues rayons ou flasques alu

Performances

Prix 21500frs


Type S

Moteur Ruby ES 1098 cc

Refroidissement liquide

Présentation

Carrosserie alu poli

Intérieur bleu

Roues rayons ou flasques alu

Performances 140 km/h

Prix 21500frs

Type S

Moteur Ruby K 1098  ou 750cc

Compresseur Cosette N°8

Présentation

Carrosserie alu poli

Intérieur bleu

Roues rayons ou flasques alu

Performances 160 km/h

Prix 27000frs

Type F.T.5 à partir d'avril 1934

Moteur Ruby Flat 2 cyl 950cc latéral

Refroidissement air / grande calandre

Présentation

Carrosserie tôle

Intérieur rouge

Roues tôle

Performances 120 km/h

Prix 12900frs

Documentations et photos de XXX & Bibliothèque Nationale de France.